Dans mes cours d’histoire du Québec, on me parlait de
Papineau. Dans mes cours d’histoire des États-Unis, on me parlait de Lincoln.
J’ai lu Voltaire, Montesquieu, Marx et Nietzsche. J’ai écouté Mozart, Chopin et
Strauss. Tous ces personnages m’ont toujours semblé plus grands que nature. Je
me suis toujours demandé quelle considération avaient les contemporains de ceux
et celles qui écrivaient l’histoire. J’ai réalisé que ces personnes étaient
bien souvent critiquées, contestées, ignorées voire même méprisées.
Je n’ai pourtant pas à regarder si loin dans le temps pour
trouver un personnage qui fera partie de nos livres d’histoire pour les siècles
à venir. Je parle ici de Nelson Mandela. Je me sens privilégié d’être un
contemporain de ce monument. Je suis ainsi à même de réaliser à quel point ceux
et celles qui s’entêtent à penser le monde autrement sont ostracisés. Réaliser
aussi que ceux et celles qui agissent sur la base de leurs convictions n’ont
aucune notion de vedettariat. Vouloir changer le monde n’a rien à voir avec le
désir de faire l’actualité. Quand nos actions s’inscrivent dans l’histoire,
bien souvent celle-ci s’écrit après notre mort. Mandela est cependant une
exception à ce niveau. Il a pu se voir dans les livres d’histoire avant sa
mort. Nous pouvons tout de même convenir que pendant ses 27 années passées en
prison, il ne pensait pas à la place qu’il occuperait dans nos bouquins.
Je parle à mes enfants de comment je me suis senti quand le
Mur de Berlin est tombé, quand Gorbatchev a proposé la perestroïka et la glasnost, et quand
j’ai appris que l’Apartheid vivait ses derniers jours. L’histoire s’écrivait
alors que je m’ouvrais sur le monde. Elle s’écrit encore aujourd’hui et je
profite de chaque moment pour partager à mes enfants les efforts et le courage
de ceux et celles que nous voyons aujourd’hui comme des voyous, des parias et des radicaux.
Peut-être demain seront-ils nos héros.