samedi 19 octobre 2013

Cacher le sang

Quelle hypocrisie de voir toutes les personnes s’indigner devant le rituel musulman du sacrifice du mouton. Comme si cette pratique était plus barbare que ce qui se passe dans nos abattoirs industriels. Soyons honnêtes, nous ne voulons juste pas voir par quelles atrocités passent les animaux avant de se retrouver dans nos assiettes.

Certains disent que ce n’est pas le rituel le problème, mais bien que tout ceci se fasse en présence des enfants. Dans quel Québec vivent les gens qui disent de telles choses? Issu d’une famille de chasseurs et de pêcheurs, je peux dire que dès mon très jeune âge j’ai appris, en regardant mon père et mes oncles, comment prendre une perchaude et en faire des filets et comment débiter un chevreuil pour maximiser la viande et éviter les maladies. Je ne sais cependant pas comment plumer un canard, mais mes tantes sont excellentes pour cette tâche. Suis-je issu d’une famille de barbares ?

Je me souviens de ma première journée de pêche avec mes filles. Quand fut arrivé le moment de préparer les poissons, je les ai invitées à venir me voir faire. Les yeux ronds comme des dollars, elles me regardaient prendre mon couteau de pêche et transformer leurs prises en filets.  Je suis convaincu que ce rituel de la préparation des poissons ajoute un aspect très instructif pour des enfants qui pensaient jusqu’à ce moment que la viande provenait de l’épicerie. Vous auriez dû voir les yeux qu’elles avaient quand elles ont vu dans leurs assiettes les perchaudes qu’elles avaient elles-mêmes pêchées.

Ainsi, à la fin de journée, j’ai tué un animal et j’ai fait ceci devant mes enfants. Si vous excusez mon comportement, vous devriez, en toute logique, accepter la pratique du sacrifice du mouton. Si non, je me questionne, car la seul chose qui me distingue dans ce cas précis, c’est que suis catholique et qu’eux sont musulmans. Et s’il était là le problème ? Soyez honnêtes, ce n’est pas le sang que vous ne voulez pas voir, mais toute une religion.

mercredi 16 octobre 2013

Les habits neufs de l'empereur

Vous connaissez l’histoire des habits neufs de l’empereur? Vous savez cette histoire d’un empereur qui avait engagé deux tailleurs pour lui confectionner le plus bel habit que personne n’avait porté avant lui. À fort prix, les tailleurs avaient accepté le contrat et, plutôt que de livrer la commande, ceux-ci avaient fait croire à l’empereur, qui ne voyait jamais aucun habit, qu’il était le seul à ne pas voir le précieux tissu.

Le grand jour arriva et l’empereur se promena nu, pensant qu’il portait l’habit en question. La foule estomaquée de le voir nu, se taisait, laissant ainsi l’empereur croire qu’il portait les plus beaux habits. Tout se déroula correctement jusqu’au  moment où un enfant cria que l’empereur était nu. À ce moment, tous éclatèrent de rire. L’empereur était humilié et les tailleurs déjà loin avec l’or.

Je vous raconte cette histoire parce que j’ai l’impression que c’est ce que nous vivons avec nos politiciens depuis quelques années. Ils ont tous tellement confiance en leurs responsables des communications, qu’ils se présentent devant le peuple en disant des énormités. L’ensemble de la population écoutent d’une oreille suspecte en se demandant bien pourquoi le politicien nous sert un tel discours cousu de fil blanc.

Même l’opposition politique, supportée par le même genre de bonzes des communications, préparent une réplique toute aussi énorme. Pire encore, la plupart des journalistes rapportent l’échange entre politiciens comme si la joute communicationnelle était plus importante que le fond de la question. Rarement on s’attarde aux fondements du discours du politicien. On appelle ça la bulle.

Quand la bulle (le pouvoir, l’opposition et les médias) est sous l’emprise des spécialistes des communications (les tailleurs), nous pouvons jouer le rôle de l’enfant qui crie, et avec les médias sociaux, nous avons maintenant les moyens. Pas tous les cris des enfants du Net que nous sommes deviendront viraux et feront le tour du web, mais quand certains de ces cris se tisseront un chemin jusqu’à des milliers d’oreilles, certaines personnes n’auront d’autre choix que d’aller se rhabiller.

En pleine campagne municipale et à l’aube d’une élection québécoise, nous réalisons souvent que tout ce qui nous est dit n’a aucun sens, que les décisions se prennent ailleurs et qu’il faut bien plus qu’un slogan pour régler la plupart des problèmes. Nous ne sommes pas stupides. Nous voyons bien le vide derrière les lignes de communication. Pourquoi alors faisons-nous comme si les empereurs étaient habillés alors que nous savons qu’ils sont nus?  Peut-être préférons-nous des empereurs nus en les imaginant porter les plus beaux habits aux autres candidats portant de vrais vêtements, mais ô combien plus humbles !