Arrive toujours dans une campagne électorale où on demande
aux électeurs de voter de façon stratégique. On appelle ainsi à un vote qui
serait basé sur un désir de réunir les forces de contestation plutôt que de les
diviser. Si cette idée de vote stratégique peut avoir une certaine logique
lorsqu’on intellectualise les intentions de vote, elle passe difficilement le
test de la réalité du terrain.
Premièrement, on voit rarement une lutte à trois quand on
regarde comté par comté. On remarque plutôt une multiplication de courses à
deux. On considère rarement le troisième joueur comme une source de division. Rien
ne nous interpelle donc à voter de façon stratégique.
Deuxièmement, les électeurs ont tendance à voter dans le
sens de ce qu’ils aiment plutôt que de se boucher le nez pour voter pour une
formation qu’ils n’aiment pas simplement pour faire perdre un autre parti qu’ils aiment
encore moins. Cette logique du
moins pire tient rarement la route.
Troisièmement, un appel au vote stratégique relève plus de
votre incapacité de gagner par vos propres moyens que d’une analyse fine issue
d’une politique-fiction où les électeurs sont de fins stratèges. On ne vous
écoute donc pas. Vous voyez, pas besoin de Batman.